Faire de la ville un espace où l’art n’est pas cantonné aux musées et aux galeries mais s’impose dans le quotidien des habitants est un objectif essentiel de la politique culturelle de la ville de Nancy. Il a pris, en 2014, une dimension nouvelle avec le développement de « Art dans Nancy » (ADN), qui vise à soutenir le développement de l’art urbain et sa diffusion auprès d’un large public, tout en faisant de Nancy un musée à ciel ouvert. Parallèlement, au niveau métropolitain, s’est développé, de manière limitée et plus ou moins chaotique, un « 1% territorial » dont le but affiché était de financer des interventions artistiques et ‘esthétiques’ (sic) dans l’espace public, lors de la réalisation projets d’infrastructures, d’aménagements et de voiries.

Mais le développement de l’art dans l’espace urbain ne saurait être limité, à Nancy comme ailleurs, aux espaces et bâtiments publics ; il est nécessaire d’y inclure également les lieux privés.

Aussi, afin d’inciter les porteurs de projet à s’inscrire dans cette démarche, le Ministère de la Culture a mis en place, en 2015, la charte « 1 immeuble, 1 œuvre ». En signant celle-ci, plus de 80 acteurs de l’immobilier se sont engagés à faire appel à un artiste, auprès duquel ils commandent ou achètent une œuvre, pour leurs projets d’immeubles neufs, en en prenant en charge les coûts de production et d’installation de l’œuvre. Grace à cette charte, plus de 650 œuvres ont été installées en France, dont deux, seulement, sur le territoire de la Métropole du Grande Nancy : une à Villers-lès-Nancy en 2019 et une à Saint-Max en 2022.

Certes, en 2022, la ville de Nancy a adopté une charte pour la qualité des construction, qui intègre une dimension artistique. Elle prévoit notamment, que, pour toute construction de plus de 50 logements, le porteur de projet devra adhérer à la charte « 1 immeuble, 1 œuvre » et que les interventions artistiques pourront être intégrées dans ou devant la construction ou sur les espaces publics environnants en partenariat avec la Ville. Elle prévoit aussi que les porteurs de projets devront envisager la possibilité d’intégrer dans les usages mixtes des locaux des espaces dédiés à la pratique artistique ou à l’artisanat.

Force est toutefois de constater que les résultats concrets de cette charte nancéienne se font encore attendre s’agissant de son volet artistique (tout comme, d’ailleurs, sur les autres volets…). À cela s’ajoute sa très grande fragilité juridique : un conseil municipal ne peut imposer aux opérateurs immobiliers, par le biais d’une charte, des règles impératives non prévues dans les règles d’urbanisme.

Il apparaît donc nécessaire, en complément de l’action menée dans l’espace public, notamment au travers de la politique « ADN » et du 1% territorial, d’adopter des mesures fortes et crédibles pour favoriser l’implantation d’œuvres lors de la réalisation de projets privés.

C’est la raison pour laquelle nous proposons la création d’un « 1% artistique immobilier ».

Celui-ci vise à ce que les promoteurs immobiliers intègrent une œuvre d’art originale (sculpture, fresque, installation, etc…) à chaque projet de construction ou de rénovation de bâtiment ou d’ensemble de bâtiments de plus de 30 logements ou de plus de 2000 m² de surface de plancher.

Le budget alloué à l’œuvre correspondra à au moins 1% du coût global du projet (i.e. 1% de sa charge foncière). Il ne pourra pas être inférieur à 10 000 euros.

L’œuvre devra être la création, existante ou commandée spécifiquement pour le projet, d’un artiste vivant.

L’œuvre sera la propriété de la ville et intégrera la collection du FMAC, ce qui contribuera à enrichir le patrimoine culturel de la ville.

Un comité dédié, également chargé des achats du FMAC, approuvera les propositions artistiques soumises par les promoteurs. Ce comité sera également chargé d’accompagner et de conseiller les promoteurs immobiliers dans leurs démarches auprès des artistes ou de leurs représentants, mais aussi de faciliter le dialogue entre les architectes, artistes et promoteurs. Dans le cadre de ces missions, le comité garantira une représentation homogène des artistes et des disciplines, veillera à ce que l’œuvre s’insère adéquatement dans le projet, et s’assurera que son lieu d’installation soit choisi afin de profiter au plus grand nombre, qu’il s’agisse des personnes habitant ou travaillant dans l’immeuble concerné ou des personnes extérieures.

Afin de garantir l’effectivité d’un « 1% artistique immobilier », il sera nécessaire d’adopter les mesures juridiques adéquates. C’est ainsi que le PLUi devra être modifié afin d’intégrer les obligations découlant du 1% artistique immobilier. Parallèlement, elles devront être intégrées dans le cahier des charges des ZAC.