En résumé : Afin de prendre soin des jeunes enfants et d’assurer leur développement et leur épanouissement, tout en répondant aux attentes des familles, l’association Les Nancéiens formule 6 propositions :

1- désigner un adjoint au maire responsable du service public municipal de la petite enfance, ayant la charge des mesures communales en faveur de l’accueil des tous petits (0-3 ans) et de celui des jeunes enfants (2/3-6 ans) en maternelle, ainsi que de la transition entre ces deux âges. Il devra aussi définir une feuille de route municipale pour la petite enfance. Il bénéficiera en outre d’un droit de regard transversal sur l’ensemble des politiques publiques de la ville ;

2- lancer un « plan Marshall » pour la rénovation des infrastructures dédiées à la petite enfance, dont le préalable sera l’établissement d’un schéma directeur des établissements d’accueil municipaux et la définition d’une stratégie d’investissement sur plusieurs années ;

3- créer un guichet unique du service municipal de la petite enfance, permettant d’accéder aux informations sur les capacités disponibles pour tous les modes d’accueil, de procéder aux démarches administratives, de recevoir des conseils, de faciliter la transition éventuelle entre les modes d’accueil, et de suivre les demandes des familles ;

4- mettre en place une offre universelle d’accueil, qui garantisse l’accès pour tous les publics à des solutions, sur tout le territoire de la ville, adaptées, variées, solidaire, inclusives ;

5- garantir un parcours d’accueil souple et évolutif afin que, quel soit l’âge de l’enfant et quelle que soit leur situation, les parents puissent changer de mode d’accueil de manière simple et fluide, au gré de l’évolution de l’enfant ;

6- penser la ville à travers les yeux des enfants, afin notamment, que tous les aménagements urbains soient conçus en fonction de la situation des jeunes et moins jeunes.

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Depuis 2002, la ville de Nancy fait partie du réseau « Ville amie des enfants ». Pionnière en la matière, notre ville est engagée pour le respects des droits et la prise en compte des besoins de l’enfant.

S’agissant des plus jeunes, cet engagement nécessite le développement de solutions d’accueil répondant aux attentes des familles nancéiennes. Tous les parents doivent ainsi se voir offrir la possibilité de bénéficier d’un mode d’accueil adapté à leurs besoins et de qualité égale, quelles que soient leurs situations économiques, sociales et familiale, leur lieu d’habitation et quelle que soit la situation de leurs enfants.

Mais cet engagement dépasse ce seul cadre.

Il implique également d’accompagner de manière continue et cohérente le jeune enfant tout au long de son évolution : de la crèche à la maternelle, en favorisant la transition entre les deux et en proposant un parcours éducatif de qualité, propice à l’apprentissage du vivre ensemble et facilitant les premiers pas dans le milieu éducatif.

Il requiert aussi de favoriser l’accès à la culture, au sport, aux loisirs et aux animations.

Il invite enfin, de manière plus large, à penser la ville, son organisation, ses aménagements, ses infrastructures, ses politiques publiques, au travers du prisme des tous petits et des jeunes enfants. Cela exige de développer une vision transversale de la politique municipale de la petite enfance.

Pour faire face à ces objectifs, la ville de Nancy consacre un budget important à la politique en matière de petite enfance. Relevant auparavant du CCAS, il est, depuis 2023, intégré au budget de la ville, dans un souci de rationalisation. Ce budget permet bien entendu d’assurer la bonne marche des établissements d’accueil du jeune enfant (les « EAJE ») gérés par la ville (10,2 millions d’euros de dépenses de fonctionnement en 2023 dont 8,7 millions en masse salariale), mais aussi, de procéder à des investissements (203500 euros en 2023) et d’attribuer des subventions aux crèches associatives (334 000 euros en 2023).

On le voit, le pan le plus important – au niveau budgétaire – de cette politique est constitué par la gestion de l’accueil municipal des plus jeunes. En effet, pour répondre à une partie des besoins des familles, la ville de Nancy gère elle-même plusieurs EAJE. Ceux-ci offrent des modes d’accueil collectifs variés : régulier (crèches Osiris, Clodion et Jeanne Wünschendorff) (230 places), occasionnel (halte-garderie Clodion, halte-garderie René II, halte-garderie Jeanine Bodson) (60 places) ou régulier et occasionnel (« multi-accueil ») (multi-accueil David Abensour, multi-accueil Jeanine Bodson, et multi-accueil de Boudonville) (245 places). La ville de Nancy gère également un service d’accueil individuel, la « crèche familiale », qui assure l’accueil des enfants au domicile d’assistantes maternelles agréées, qu’elle emploie directement. Elle gère également 2 lieux d’Accueil Enfants Parents (Escapade et La Baleine Bleue), qui reçoivent les jeunes enfants et leurs parents pour des moments détente, de jeux et d’échanges. Elle gère enfin le Relai petite enfance (le « RPE »), lieu d’information et d’échanges pour les parents et les assistantes maternelles.

Grace à cette offre publique importante, conjuguée à la présence sur le territoire de multiples établissements d’accueil collectifs privés (dont 9 structures associatives soutenues par le biais de subventions) et de nombreuses assistantes maternelles offrant un accueil individuel, les besoins des familles nancéiennes semblent, dans l’ensemble, couverts. Ainsi, de manière globale, la situation de l’accueil des jeunes enfants à Nancy n’est, à l’heure actuelle, pas en tension, chaque famille pouvant, en principe, trouver une solution qui lui convient, nonobstant les difficultés individuelles ou ponctuelles qui peuvent voir le jour, en particulier pour satisfaire des demandes en cours d’année.

Cette situation favorable est dû à l’action énergique menée dans ce domaine par le passé par la ville de Nancy, principalement sous l’impulsion d’Elisabeth Laithier, dont les compétences sont reconnues au niveau national, comme en témoignent, notamment, sa nomination en tant que présidente du Comité de filière petite enfance et celle de rapporteure générale de la concertation territoriale sur le service public de la petite enfance.

Les perspectives d’avenir sont néanmoins préoccupantes, en raison, notamment, de difficultés grandissantes de recrutement de personnels qualifiés, du départ à venir de nombreux agents en poste prenant leur retraite, et des nécessaires investissements dans les établissements.

S’agissant des autres pans de l’action en faveur de la petite enfance, la situation nancéienne est également satisfaisante. En témoigne le renouvellement régulier du label « Ville amie des enfants ». Mais là encore, il est nécessaire de redynamiser l’action publique, qui manque actuellement d’entrain, faute de quoi le service proposé aux familles ne manquera pas de décliner.

C’est au regard de ces éléments et de ces enjeux que les Nancéiens ont mené leur réflexion sur et formulent 6 propositions pour la petite enfance, qui s’inscrivent dans la volonté d’assurer le bien vivre à Nancy pour tous.

1/ Un adjoint au maire responsable du service public municipal de la petite enfance (0-6 ans)

À Nancy, comme dans la plupart des villes de taille comparable, la gestion de la petite enfance est « éclatée » entre plusieurs élus et entre plusieurs services. Certes, à Nancy, la compétence en la matière a récemment été transférée du CCAS à la ville. Il n’en demeure pas moins que, pour ne prendre que la situation des élus,  à ce jour, on compte une adjointe déléguée en charge de l’enfance, une conseillère déléguée en charge de l’enfance, une conseillère déléguée aux crèches et aux écoles, et une conseillère déléguée de la ville à hauteur d’enfants, et une conseillère déléguée à la famille. La politique relative à la petite enfance ne fait donc pas l’objet d’une vision globale ni d’une appréhension d’ensemble.

Or, dans l’intérêt du jeune enfant, il convient d’éviter de segmenter l’action communale, que ce soit en fonction de son âge ou des activités concernées. Il faut au contraire que cette action renforce le dialogue et les échanges entre les différents acteurs intervenants auprès des jeunes enfants, tant pour leur accueil, que pour leur éducation ou leur accès à la culture, au sport, aux loisirs et aux animations. Ce constat est renforcé par le fait que la ville a vocation à devenir autorité organisatrice de l’offre d’accueil du jeune enfant (voir focus).

Il nous semble ainsi nécessaire d’adopter une approche d’ensemble, permettant de penser la ville à travers les yeux des enfants de 0 à 6 ans, de sorte à ce que tous les aspects de la vie et de l’évolution des tous petits et des jeunes enfants soient pris en compte.

C’est la raison pour laquelle nous proposons la désignation d’un adjoint au maire responsable du service public municipal de la petite enfance, qui :

  • gérera l’accueil des tous petits (0-3 ans) mais également des jeunes enfants dans les écoles maternelles (2/3-6 ans), ainsi que la transition entre les deux ;
  • définira, en partenariat avec toutes les parties prenantes, une feuille de route municipale pour la petite enfance, visant à assurer le bien-être des enfants et le respect de leurs droits, leur accès à l’éducation, à la culture, au sport, aux loisirs et aux animations, à lutter contre toute forme d’exclusion, de discrimination ou de violence, et à garantir un accès égal et de qualité au service public de la petite enfance ;
  • bénéficiera d’un droit de regard transversal sur l’ensemble des politiques publiques de la ville, afin que les intérêts des jeunes enfants soient pris en compte dans le développement de celles-ci.

Focus : la commune, autorité organisatrice de l’offre d’accueil du jeune enfant

Sous réserve des aléas législatifs, la commune devrait avoir prochainement vocation à devenir l’autorité organisatrice de l’offre d’accueil du jeune enfant. Elle sera ainsi la clé de voûte de la politique de la petite enfance, en lien étroit, bien entendu avec, notamment, le service de protection maternelle et infantile (PMI) du Conseil départemental et la Caisse d’allocations familiales. Cela impliquera de réfléchir et organiser cette politique publique à l’échelle des villes de la Métropole. Ce rôle nouveau sera un gage d’une plus grande proximité, d’une plus grande écoute des parents et d’une meilleure compréhension de leurs situations. Pour autant, cela n’exclura pas toute action au niveau de la Métropole : si la gestion de l’accueil opéré par le service municipal de la petite enfance doit relever du niveau communal, celle des infrastructures dédiées pourrait être opérée au niveau métropolitain. Une réflexion en ce sens mériterait d’être lancée.

2/ Un « plan Marshall » pour des infrastructures de la petite enfance rénovées et de qualité

Malgré la qualité de l’accueil et du personnel des établissements gérés par la ville, les bâtiments municipaux dédiés à la petite enfance nécessitent à l’évidence une mise à niveau. Qui n’a pas constaté que la crèche municipale de son enfant devient, aux premiers rayons de soleil estivaux, une fournaise ? Qu’elle ne bénéficie pas d’espaces extérieurs ou d’éclairage naturel suffisants ? Que les espaces intérieurs ne sont pas adaptés ? Qu’elle n’est pas suffisamment sécurisée ?

L’actuelle majorité avait promis, en contrepartie de l’abandon du projet de rénovation du Musée lorrain, un grand plan de rénovation thermiques des écoles et des crèches. Concernant ces dernières, force est de constater que les actions et les résultats se font attendre. Ainsi, les investissements faits actuellement au titre des « gros entretiens et réparations » (environ 200 000 euros en 2023), sont trop faibles et ne font pas l’objet d’une réflexion d’ensemble. Les EAJE ne peuvent se satisfaire d’un tel saupoudrage.

En effet, une rénovation globale importante est nécessaire, à des fins thermiques et énergétiques, mais aussi, de manière plus générale, pour se conformer aux exigences du référentiel national établi en 2021, qui énonce l’essentiel des normes applicables aux établissements d’accueil du jeune enfant.

Cette rénovation impliquera des investissements d’ampleur considérable. Il est donc nécessaire d’établir un schéma directeur des EAJE municipaux ainsi qu’un véritable « plan Marshall », c’est-à-dire une stratégie d’investissement sur plusieurs années, aux termes desquelles l’ensemble des établissements auront fait l’objet d’une restructuration ou rénovation. Et ce sans exclure aucune piste d’amélioration, y compris la fermeture de structures existantes pour leur transfert dans des bâtiments plus adaptés. Ce qui a été réalisé les années passées avec les écoles doit désormais être réalisée avec les crèches, haltes garderies et multi-accueils.

À plus long terme, afin de favoriser les économies d’échelle pour l’entretien des EAJE et de renforcer la qualité des lieux d’accueil, il sera nécessaire de réfléchir à la possibilité de confier à la métropole la gestion des infrastructures accueillant les jeunes enfants, tout en conservant, dans un souci de proximité, la gestion de l’accueil au plus près du public, au niveau communal.

3/ Un guichet unique du service municipal de la petite enfance

Favoriser l’accès à l’information et faciliter l’orientation des familles doivent être des priorités afin de leur permettre d’accéder au mode d’accueil qui leur convient. En effet, ainsi qu’il ressort du rapport de la consultation territoriale sur le service public de la petite enfance, « la multiplicité des acteurs impliqués dans le secteur de la petite enfance et le manque de connaissance des parents au sujet des modes d’accueil compliquent l’identification de l’interlocuteur de référence à contacter lorsqu’ils débutent leur recherche de mode d’accueil ou qu’ils souhaitent s’informer sur les différents modes d’accueil existant. La méconnaissance et les représentations parfois erronées sur les modes d’accueil peuvent parfois empêcher les parents de s’orienter vers le mode d’accueil le plus adapté à leurs besoins et à celui de leur enfant ».

En principe, la mission d’information des parents est confiée par le Code de l’action sociale et des familles aux RPE. C’est ainsi que le RPE de Nancy, situé rue Leopold Lallement, les renseigne sur l’ensemble de l’offre d’accueil existante sur le territoire et les accompagne le recours à un professionnel de l’accueil individuel. Pour les familles ayant de jeunes enfants, il remplit donc une mission d’information, d’orientation et de soutien.

Afin d’améliorer les services rendus aux parents, nous estimons qu’il convient d’étendre et de renforcer le rôle du RPE en le transformant en véritable guichet unique de l’accueil du jeune enfant, au sens du référentiel national des RPE. Concrètement, il s’agit de faire en sorte que le RPE constitue l’unique point d’entrée des familles sur l’ensemble des modes d’accueil du territoire. Ainsi, outre les missions classiques d’information des professionnels et des familles, il devrait permettre aux parents :

  • d’accéder, en temps réel, aux informations sur les capacités et places disponibles, de tous les modes d’accueil présents à Nancy (privés ou publics, individuels ou collectifs, atypiques) ;
  • de procéder aux démarches pour l’accueil de leur enfant, indépendamment du mode souhaité ;
  • de fournir des conseils juridiques aux parents, par le biais de juristes référents, le cas échéant mutualisés au niveau de la Métropole ;
  • de fluidifier la transition entre les modes d’accueil ;
  • d’assurer un suivi des demandes des familles, afin que toutes puissent, à terme, trouver une réponse positive correspondant à leurs besoins.

Deux préalables sont nécessaires à la création d’un tel guichet unique :

  • l’instauration d’un réseau de coopération étroite, entre, notamment, l’ensemble des professionnels de la petite enfance, dont les gestionnaires d’EAJE et les assistantes maternelles, ainsi que la Caisse d’allocations familiales et le Conseil départemental ;
  • l’adaptation du portail famille, afin d’en étendre les fonctionnalités pour que le RPE puisse s’appuyer sur cet outil.

4/ Une offre universelle d’accueil

À Nancy, la situation héritée de l’action passée fait que, à l’heure actuelle, il est possible d’accéder sans grande difficulté à un mode d’accueil correspondant aux souhaits des parents et aux besoins des enfants. Que ce soit en accueil collectif ou en accueil individuel, dans le secteur public ou dans le secteur privé, que ce dernier soit marchand ou non.

Il convient de conforter l’existence, à Nancy, de cette offre universelle d’accueil : tous les parents de jeunes enfants doivent se voir offrir une solution d’accueil de qualité égale et adaptée à leurs besoins, quelles que soit leur situation économique, sociale ou familiale, leur lieu d’habitation et quelle que soit la situation de leurs enfants.

Dans ce cadre, afin d’avoir une offre répartie harmonieusement sur tout le territoire, la ville doit accompagner la création de nouvelles structures en fonction des évolutions de l’habitat dans les quartiers (en particulier Rives-de-Meurthe Nord (Alstom et Grand Moulins)).

De même, pour assurer la diversité de l’offre, elle doit accroître son soutien aux crèches associatives, par le biais de ses subventions notamment à l’investissement. Dans le même sens, il est nécessaire de relancer la crèche familiale (voir focus), qui constitue un mode d’accueil hybride particulièrement intéressant.

Focus : la crèche familiale

La ville de Nancy dispose d’une crèche familiale. Celle-ci est composée par des assistantes maternelles agréées, salariées par la ville de Nancy, qui accueillent à leur domicile de 1 à 3 enfants. La crèche familiale revêt de nombreux avantages pour les parents. Ils n’ont en effet pas à gérer les aspects administratifs et contractuels du recrutement de l’assistante maternelle, dès lors qu’ils ne sont pas son employeur direct. Ils ont également l’assurance que celle-ci bénéficie d’un encadrement et d’un accompagnement pédagogique par le personnel de la crèche familiale. Pour l’enfant, les avantages sont importants également : horaires plus souples, accueil dans un environnement plus calme, encadrement de qualité, temps d’accueil communs réguliers. Au regard de ces avantages, la crèche familiale devrait se voir confortée. Elle participe en effet au parcours d’accueil en constituant un maillon entre l’accueil individuel est l’accueil collectif, sans être nécessairement plus coûteux pour la ville.

En outre, dès lors qu’ils garantissent un accueil égalitaire, transparent et équitable, les critères et les conditions d’admission figurant dans le règlement de fonctionnement des établissements et services d’accueil doivent être maintenues et le vade-mecum pour l’attribution des places en crèches, élaboré par l’AMF, rester la référence en la matière.

De plus, dans un souci de solidarité, la tarification au taux d’effort doit être conservée et régulièrement adaptée à l’évolution des prix. Quant à la carte Nancy Famille, qui permet aux familles de 3 enfants et plus ou ayant un enfant handicapé ou ayant un enfant orphelin de bénéficier d’un soutien financier pour des frais de halte-garderie ou d’activités culturelle, sportive ou de loisir, son montant doit être revalorisé, afin notamment de prendre en compte les effets de l’inflation.

Enfin, dans l’objectif de garantir un accès à tous les publics à un mode d’accueil adapté, il est nécessaire de prévoir des offres communales complémentaires ou alternatives. Chaque famille est particulière ; chaque enfant est unique : le service municipal de la petite enfance se doit de répondre à ces particularités et aux besoins spécifiques. En particulier, il est nécessaire d’offrir des solutions d’accueil :

  • avec des horaires étendus, décalés, ou atypiques : afin de répondre aux besoins des parents qui travaillent tôt le matin ou tard le soir mais aussi de nuit, le week-end ou les jours fériés. Pour ce faire, il convient de :
    • pérenniser les possibilités d’accueil qui existent d’ores et déjà dans les établissements gérés par la ville sur des horaires étendus, généralement à partir de 7h30 jusque 19h, pour s’adapter au rythme de vie des parents ;
    • renforcer le dispositif « Arc-en-ciel ». Complémentaire aux autres modes d’accueil existants, il permet d’accompagner les parents en démarche d’insertion rencontrant des difficultés dans l’accueil de leurs enfants du fait de leurs horaires de travail décalés. Des étudiants des filières sanitaires et sociales, embauchés par la ville, se rendent au domicile de parents et assurent, à des tarifs adaptés, le relais jusqu’à l’ouverture ou à la fermeture des structures classiques. L’objectif serait, à terme que le nombre d’enfants concernés par ce dispositif soit de l’ordre de 150 ;
    • permettre, sur le modèle du dispositif « Arc en ciel », aux parents de recourir aux services d’étudiants de la Métropole, formés, encadrés et embauchés par la ville, afin d’assurer l’accueil à domicile d’enfants, pendant des plages horaires ou périodes atypiques, que sont la nuit, le samedi, le dimanche ou les jours fériés.
  • solidaires : afin d’accueillir des personnes en difficulté sociale et éloignées des offres institutionnelles. Les solutions d’accueil offertes aux parents en précarité doivent être adaptées. Il ne s’agit pas uniquement d’avoir une tarification adaptée ou une information ciblée. Il est également nécessaire de sensibiliser ceux qui sont éloignés des offres institutionnelles, en particulier parce qu’ils estiment qu’elles ne s’adressent pas à eux. Il est nécessaire de les accompagner en rendant possible une forme de « parcours de découverte » des solutions d’accueil à un rythme adapté, débutant par un passage ponctuel dans les lieux d’accueil enfants-parents, puis en halte-garderie, et enfin en crèche, avec des transitions douces et faciles.
  • inclusives : afin de répondre aux besoins des enfants en situation de handicap. L’amélioration de l’accueil des enfants en situation de handicap repose sur la disponibilité de lieu d’accueil adaptés et de personnels formés. La ville de Nancy renforcer l’action de formation de ses agents, qui existe depuis plusieurs années, et les outils d’information et pédagogiques, tels que la mallette pédagogique actuellement mise à leur disposition. La rénovation des lieux d’accueil doit également être l’occasion de réfléchir à leur adaptation aux situations de handicap. Afin de remplir cet objectif, un travail avec les institutions spécialisées, en particulier le Centre d’action médico-sociale précoce (CAMSP) de Nancy sera nécessaire.

Enfin, le RPE, en tant que guichet unique, devra constituer un relai d’information et d’orientation pour les parents exprimant des besoins particuliers (famille nombreuses, fratries, handicap, contraintes horaires), y compris vers des solutions d’accueil individuelles auprès d’assistantes maternelles sensibilisées, formées et volontaire pour connaître de ces situations.

5/ Un parcours d’accueil souple et évolutif

Les attentes et besoins des parents varient en fonction de l’âge de l’enfant. Ainsi, alors que, pendant les premières semaines ou premiers mois, les parents assurent généralement sa garde, la crèche ou l’assistante maternelle sont les modes privilégiés entre 6 mois et 2/3 ans, avant les premiers pas à l’école maternelle. D’autres modes d’accueil et d’autres parcours existent également. La transition entre ces étapes doit s’effectuer de manière souple, sans désagrément pour les enfants et sans surcharge pratique et administrative pour les parents.

Quel que soit l’âge de l’enfant et quelle que soit leur situation, les parents doivent pouvoir changer de mode d’accueil de manière simple au gré de l’évolution de l’enfant. Passer d’une assistante maternelle, à la crèche puis à la maternelle, ne doit ainsi comporter aucun frein. Il doit revenir au RPE de fluidifier ce parcours d’accueil, en offrant aux parents la possibilité de faire les démarches pour passer d’un mode à l’autre de manière souple notamment par le biais d’outils informatiques dédiés.

6/ Une ville pensée à travers les yeux des enfants

Au-delà des questions liées à l’accueil des enfants, la politique de la petite enfance doit couvrir l’ensemble des politiques publiques.

Elle doit concerner les domaines culturel, sportif, de l’animation et des loisirs et garantir une offre adaptée, en particulier pendant les périodes de vacances. Dans ce contexte, à Nancy, on doit saluer le développement, depuis plusieurs années, de l’éducation culturelle et artistique, y compris pour les plus petits. De même, doit être reconnu l’apport qu’a constitué la création de la Ludothèque Saint Nicolas au Centre commercial Saint Sébastien, véritable lieu culturel, d’échange et de rencontre. Elle doit être pérennisée, quel que soit le lieu qui l’accueillera à l’avenir. Dans le même esprit, il convient de noter l’action positive des institutions et établissements municipaux ou métropolitains, comme les MJC mais aussi le Muséum aquarium, lequel offre des ateliers d’éveil pour les tous petits jusqu’à 18 mois ainsi que des animations spécifiques à destination des enfants de 18 à 36 mois, le Musées des Beaux-arts pour ses visites et atelier à destination des 4-6 ans, ou encore l’Opéra National de Lorraine avec son offre « Opéra berceau ».

Il est également nécessaire de penser tous les aménagements urbains en fonction de la situation des enfants, jeunes et moins jeunes. Cela vise bien évidemment ceux qui les concernent directement (crèches, écoles, parcs, espaces de jeux). Des efforts substantiels de rénovation sont d’ailleurs nécessaires au niveau des espaces de jeux, qui, y compris celui de la Pépinière, nécessitent d’être totalement repensés et mis à niveau. Ce sujet fera l’objet d’une prochaine contribution spécifique.

Mais plus largement, cela concerne tous les aménagements de la ville : trottoirs, passages protégés, espaces piétons, ou circulation doivent être pensés sous le prisme de l’enfant. Cela se résume dans l’expression : la « ville à hauteur d’enfant ».

Ce sera à l’adjoint en charge de la petite enfance que reviendra la tâche d’influer sur les politiques communales afin que cette vision spécifique soit prise en compte. Au-delà, il conviendra de faire entendre la voix de l’enfant (avec des mécanismes de participation novateurs et des intermédiaires adaptés, notamment dans le cadre des animations la Semaine de la petite enfance) sans négliger de donner la parole aux parents (voir focus).

Focus : Donner la parole aux parents

Les Conseils de crèches sont les lieux privilégiés dans lesquels les parents peuvent exprimer leurs besoins, leurs avis, leurs suggestions sur le fonctionnement de ces structures d’accueil, tout en assurant une circulation de l’information, un échange et une coopération entre les familles et les professionnels de la petite enfance. La vocation consultative et participative de ces conseils, qui ne sont à l’heure actuelle pas obligatoires, doit être confortée, y compris au sein de la crèche familiale. Mais, au-delà la participation des parties à travers ses instances, il est nécessaire de leur donner la possibilité de faire valoir leurs points de vue de manière plus générale sur leurs attentes et sur leur vision de la place de l’enfant dans la ville. Les instances participatives existantes devront y contribuer et des forums spécifiques devront être mis en place, notamment dans le cadre de la Semaine de la petite enfance.